La mise en œuvre en situations concrètes des Directives volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale dans le contexte de la sécurité alimentaire et de l’éradication de la pauvreté (Directives PAD/SSF) constitue un réel défi pour ce secteur. Il existe un autre défi encore plus sérieux : le respect de l’égalité hommes-femmes dans le processus. Les femmes de la pêche devront lutter à deux niveaux : chez elles et au sein de leurs communautés, face à l’État et aux autres parties prenantes.
La maison et la communauté, où les femmes trouvent souvent la force et le courage dont elles ont bien besoin, sont aussi les lieux où elles se heurtent aux obstacles les plus paralysants sur le chemin du progrès. Des coutumes, des croyances, des pratiques patriarcales solidifiées servent à maintenir les femmes à leur place (comme on dit), loin de l’autonomie, des prises de décisions et du leadership, à les confiner dans des rôles invisibles, dévalorisés, mal récompensés. Les lois coutumières interdisent fréquemment aux femmes de sortir de limites prédéterminées et restrictives. Et les responsables masculins des organisations communautaires sont souvent le premier frein à une participation des femmes aux affaires et déci
La mise en œuvre en situations concrètes des Directives volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale dans le contexte de la sécurité alimentaire et de l’éradication de la pauvreté (Directives PAD/SSF) constitue un réel défi pour ce secteur. Il existe un autre défi encore plus sérieux : le respect de l’égalité hommes-femmes dans le processus. Les femmes de la pêche devront lutter à deux niveaux : chez elles et au sein de leurs communautés, face à l’État et aux autres parties prenantes.
La maison et la communauté, où les femmes trouvent souvent la force et le courage dont elles ont bien besoin, sont aussi les lieux où elles se heurtent aux obstacles les plus paralysants sur le chemin du progrès. Des coutumes, des croyances, des pratiques patriarcales solidifiées servent à maintenir les femmes à leur place (comme on dit), loin de l’autonomie, des prises de décisions et du leadership, à les confiner dans des rôles invisibles, dévalorisés, mal récompensés. Les lois coutumières interdisent fréquemment aux femmes de sortir de limites prédéterminées et restrictives. Et les responsables masculins des organisations communautaires sont souvent le premier frein à une participation des femmes aux affaires et décisions du groupe.
Les obstacles au progrès des femmes du monde de la pêche ne se limitent pas au foyer et à la communauté. Ils étendent habituellement leurs ramifications à tout un ensemble complexe de lois, droits et privilèges qui favorisent les hommes en rendant tout simplement invisibles la vie et le travail des femmes, dans la tenue du ménage (s’occuper des enfants, des malades, des anciens…), dans diverses tâches exécutées avant ou après les opérations de capture du poisson. Pour les femmes de la pêche artisanale, l’atteinte à leurs droits humains fondamentaux est une réalité quotidienne.
Le combat pour faire reconnaître le rôle des femmes tout au long de la chaîne de valeur de la filière pêche revêt aujourd’hui une importance particulière car les États et les institutions internationales sont en train de s’intéresser à la question de la mise en œuvre des Directives sur la pêche artisanale. C’est une occasion historique pour que les femmes fassent entendre leur voix, expriment leurs revendications. Mais pour que la problématique de genre trouve sa place dans les dialogues relatifs à cette mise en œuvre, il faudrait au préalable que s’établissent au sein des communautés des modes de représentation qui soient démocratiques, équitables à l’égard des femmes. Micheline Dion, de la CAOPA (Confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale), faisait remarquer que des organisations non élues, non représentatives, prétendant parfois s’exprimer au nom de communautés côtières, ont parfois une influence disproportionnée sur les processus décisionnels. Il est indispensable de changer cet état de choses ; il est vital que les femmes de la pêche artisanale participent activement à la prise de décisions. Il faut que les responsables politiques et les organisations professionnelles reconnaissent le statut professionnel de ces travailleuses, dit-elle.
La lutte des femmes pour que justice leur soit rendue est profondément liée à la lutte des communautés pour la préservation de leurs lieux de vie et leurs moyens de subsistance. En Côte d’Ivoire, par exemple, le déclin des stocks et la baisse des revenus ont des effets ravageurs sur la durabilité des pêches artisanales. Si on n’instaure pas d’urgence des mécanismes régulateurs pour protéger le secteur artisanal, l’avenir des petits pêcheurs risque d’être bien sombre. Dans cette situation, il est essentiel que les décideurs politiques reconnaissent à sa juste valeur le rôle des femmes de la pêche dans le renforcement de l’économie locale, dans la sécurité alimentaire locale, la survie de ce secteur, et aussi dans l’effort global visant à protéger la planète contre les ravages du changement climatique.