Costa Rica / DIRECTIVES PÊCHE ARTISANALE
On s’engage sur le futur
Élaboration d’une politique nationale pour la mise en œuvre des récentes Directives de la FAO
Cet article a été écrit par Gustavo Meneses Castro (padretavo@gmail.com), Directeur général de l’Institut national de la pêche et de l’aquaculture (INCOPESCA), Gouvernement du Costa Rica
Dans la Préface des Directives volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale dans le contexte de la sécurité alimentaire et de l’éradication de la pauvreté, on lit ceci : « La pêche à petite échelle et la pêche artisanale, si on prend en compte l’ensemble des activités exercées par des hommes et des femmes tout au long de la filière (avant, pendant et après capture), jouent un rôle important pour la sécurité alimentaire et la nutrition, l’éradication de la pauvreté, le développement équitable et l’utilisation durable des ressources. La pêche artisanale produit des aliments nourrissants pour les marchés locaux, nationaux et internationaux et elle est génératrice de revenus dans l’économie locale et nationale ».
J’ai appris à connaître les communautés de pêche de l’intérieur. Mon travail pastoral en tant que prêtre catholique a commencé au...
Costa Rica / DIRECTIVES PÊCHE ARTISANALE
On s’engage sur le futur
Élaboration d’une politique nationale pour la mise en œuvre des récentes Directives de la FAO
Cet article a été écrit par Gustavo Meneses Castro (padretavo@gmail.com), Directeur général de l’Institut national de la pêche et de l’aquaculture (INCOPESCA), Gouvernement du Costa Rica
Dans la Préface des Directives volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale dans le contexte de la sécurité alimentaire et de l’éradication de la pauvreté, on lit ceci : « La pêche à petite échelle et la pêche artisanale, si on prend en compte l’ensemble des activités exercées par des hommes et des femmes tout au long de la filière (avant, pendant et après capture), jouent un rôle important pour la sécurité alimentaire et la nutrition, l’éradication de la pauvreté, le développement équitable et l’utilisation durable des ressources. La pêche artisanale produit des aliments nourrissants pour les marchés locaux, nationaux et internationaux et elle est génératrice de revenus dans l’économie locale et nationale ».
J’ai appris à connaître les communautés de pêche de l’intérieur. Mon travail pastoral en tant que prêtre catholique a commencé au cœur des populations de pêcheurs artisans sur la côte Pacifique de mon pays.
Quand le Président de la République du Costa Rica m’a demandé de travailler pour le Gouvernement et de prendre le poste de directeur général d’INCOPESCA (l’institut national qui administre les pêches de mon pays), j’ai réfléchi à cette expérience et à l’occasion qui m’était offerte d’apporter plus de justice et d’équité dans les pêcheries de cette petite nation d’Amérique centrale.
Un pays comme le Costa Rica, qui possède deux façades maritimes et plus de 500 000 km² d’espace maritime, devrait pouvoir administrer ses ressources halieutiques dans une perspective à long terme, et dans le respect des droits humains et des aspirations des milliers de familles qui dépendent de la mer pour leur bien-être. Tout cela est très bien en théorie mais difficile à mettre en pratique à cause du contexte : conflits de pêche, mauvaise réputation d’institutions publiques qui ont servi de puissants intérêts politiques et économiques par le passé. Telle était la situation que j’ai trouvée en m’asseyant pour la première fois dans mon bureau de directeur général de l’organisme chargé de la pêche.
Cette année, INCOPESCA va fêter ses vingt ans d’existence. Les administrations précédentes avaient manifesté peu d’intérêt pour répondre aux besoins des plus vulnérables, des plus démunis. À partir de maintenant, en ce moment historique, il est fondamental que les politiques publiques favorisent le développement de conditions d’existence décentes et du bien-être pour les populations côtières, les gens de mer.
Un instrument international
À mon arrivée à INCOPESCA, il y avait à ma disposition un instrument international important, élaboré sous les auspices de la FAO. On pouvait s’appuyer sur cet outil pour définir une vision des choses, pour soutenir le secteur de la pêche artisanale du pays, travailler avec les pêcheurs.
Ces Directives sur la pêche artisanale sont une chose qui est proche des pêcheurs artisans. Ils ont participé à leur élaboration et, grâce à l’appui d’organismes internationaux, régionaux et nationaux, ils ont pu s’impliquer dans un processus participatif pour débattre des principales préoccupations de ce secteur. Un mois tout juste après le 8 mai (date à laquelle a été installé le nouveau gouvernement), j’ai participé, auprès des autres représentants des pays membres de la FAO, à l’adoption de ces Directives.
Mon expérience me dit que cet instrument répond à quatre exigences importantes qui lui donnent une valeur énorme pour une gestion juste et équitable des pêcheries en Amérique latine.
Les Directives sur la pêche artisanale ont été élaborées via une procédure de construction et non pas sur un bureau. Pour ce qui est de l’Amérique centrale, il y a eu quatre ateliers nationaux (Nicaragua, Honduras, Costa Rica, Salvador), plus un atelier régional auquel ont participé tous les pays de l’isthme. Ce fut l’occasion de débattre de ce document, et c’est ainsi que les Directives incluent aussi la vision et les besoins particuliers du secteur artisanal dans cette partie du monde.
Une reconnaissance spécifique a été accordée à un secteur appauvri qui a été négligé et qui concentre la pauvreté. Les Directives reconnaissent la nécessité de tenir compte de la dette historique que nous avons contractée à l’égard de ce secteur. Dans le cas du Costa Rica, il est évident qu’il y a une concentration de la pauvreté dans les zones côtières, ce qui s’explique en grande partie par l’absence de zonage et de politiques de gestion, par le chevauchement de compétences institutionnelles qui génèrent désordre et chaos.
Les Directives incorporent une vision du futur qui tient compte des femmes et des jeunes, qui leur permettra d’accéder à une meilleure qualité de vie, à plus de bien-être. En Amérique centrale, il faut constater que la pêche artisanale constitue une filière qui génère des activités avant et après capture auxquelles des femmes et des hommes de tous âges participent. Dans bon nombre de nos régions côtières, la pêche représente la seule source d’emplois pour cette partie importante de la population.
Il faut sans tarder passer à la mise en œuvre pour maintenir une production plus durable. Durant le processus d’élaboration des Directives, il y avait eu des discussions sur les stratégies à adopter pour passer des bonnes intentions à la pratique. Au Costa Rica, une analyse a été entreprise, qui nous a permis de définir un certain nombre de facteurs déterminants en vue d’une pêche artisanale durable, capable d’apporter plus qu’un simple bien-être économique. Les gens auraient ainsi une identité, une culture, la sécurité alimentaire, des possibilités pour un travail décent et satisfaisant.
Tandis que je fournis l’impulsion dans le secteur de la pêche, le Costa Rica relèvera le défi et élaborera une politique nationale pour la mise en œuvre des Directives sur la pêche artisanale. Ce processus devra revêtir au moins les caractéristiques suivantes :
- Une approche qui ne se limite pas à INCOPESCA, qui implique une collaboration institutionnelle au plus haut niveau politique. Nous avons impulsé à partir d’INCOPESCA un processus dans lequel nous avons été accompagnés par le Bureau du Président de la République pour positionner la pêche comme un secteur tout à fait important de par sa contribution à l’économie nationale. Nous travaillons maintenant étroitement avec des ministères: Développement humain et Bien-être social, Travaux publics et Transports, Santé et Agriculture notamment.
- Il importe d’organiser un dialogue national incluant tous les acteurs et secteurs intéressés par la durabilité de nos mers. Nous avons lancé un processus de gestion qui traite aussi des éléments les plus humains des divers segments de la pêche, en recherchant un consensus dans le respect des valeurs et principes pour que cela profite à tout le pays et permette d’assurer pour l’avenir une bonne responsabilité sociale et environnementale.
- L’appui du gouvernement qui, reconnaissant tout l’intérêt du secteur artisanal, est disposé à établir une politique d’aide publique visant à renforcer son organisation et ses capacités. Je me suis engagé à faire en sorte que les Directives sur la pêche artisanale soient incluses dans le Plan de développement national 2015-2018.
- Un engagement des communautés côtières en faveur de l’environnement et de la résilience sociale pour assurer un développement du littoral et de la mer qui soit d’essence locale et harmonieux. Sans cette implication de la société civile, l’État ne parviendrait pas à aller de l’avant sur bon nombre d’aspects qui conditionnent l’espoir d’une vie meilleure pour ces populations.
Le gouvernement a fixé trois axes de travail très clairs, qui sont tout à fait conformes à la philosophie des Directives sur la pêche artisanale :
- Lutter contre la corruption, renforcer la transparence et l’efficacité dans les services de l’État,
- Dynamiser la croissance économique dans le pays, créer davantage d’emplois, de meilleurs emplois,
- Réduire la pauvreté, éradiquer l’extrême pauvreté.
J’ai demandé à l’INCOPESCA de faire en sorte que les Directives constituent l’un des principaux volets politiques de ce gouvernement en matière de pêche. Ce message a été entendu et soutenu par le Bureau du Président de la République. Ce qui est proposé exige un effort majeur car tout cela doit faire partie de la gestion des activités de pêche dans nos espaces océaniques.
Nous espérons que le Plan de développement national, qui est déjà en place, enverra au début de 2015 un message clair concernant les priorités d’INCOPESCA et de cette Administration pour reconnaître la contribution et la valeur productive de ce secteur, pour réparer les omissions du passé et regarder en face les difficultés de l’avenir. Quatre ans ce n’est pas long pour parvenir aux changements qui s’imposent. Il y a urgence, compte tenu de ce que nous savons sur les évolutions majeures du climat, des températures et du niveau de la mer : toutes choses qui toucheront directement les populations côtières. La mise en œuvre des Directives permettra de traiter la question de l’adaptation au changement climatique, pour préserver la sécurité alimentaire que la mer et sa culture nous donnent.
Nous aimerions que l’exemple fourni par le Costa Rica pousse d’autres pays de la région à se lancer dans la concrétisation de ces Directives de manière responsable. Il s’agit là de choses importantes !
Déclaration de l’OSPESCA concernant l’adoption des Directives sur la pêche artisanale
Mesdames et Messieurs,
Le Costa Rica, membre de l’Organisation du secteur des pêches et de l’aquaculture de l’Isthme centraméricain (OSPESCA), a accueilli la consultation relative aux Directives sur la pêche artisanale élaborées sous les auspices de la FAO, et qui réunissait des pays d’Amérique centrale et du Sud et des Caraïbes. Nous croyons donc fermement aux avantages sociaux et économiques de ce secteur d’activité. De ce fait, et parce qu’en Amérique centrale il s’agit essentiellement de petite pêche, nous avons intérêt à lui accorder une attention particulière. Nos organisations nationales de pêcheurs et la Confédération des pêcheurs artisans d’Amérique centrale ont été très actives aux différents stades de la genèse des Directives.
L’autre point positif pour l’Amérique centrale c’est d’arriver en ce moment même avec des positions intersectorielles communes. C’est-à-dire que à la fois les représentants de la société civile pour la pêche artisanale et les gouvernements sont d’accord avec le contenu et espèrent que la présente réunion du Comité des pêches approuvera le projet de Directives, trouvera une solution pour les quelques aspects qui restent à résoudre.
Pour ce qui est de l’Amérique centrale, les responsables des pêches estiment que le cadre de gouvernance proposé par les Directives pourrait être considéré comme un accord contraignant. On espère pouvoir concrétiser cela au cours de l’année. Dans les pays OPESCA, les Directives auront donc un caractère obligatoire.
Nous savons qu’il est important pour les pêcheurs et les États de disposer de Directives pouvant constituer un cadre solide pour une gestion durable des pêches artisanales. J’incite toutes les délégations à faire ce qu’il faut pour surmonter leurs différends, pour qu’aujourd’hui soient adoptées les Directives volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale dans le contexte de la sécurité alimentaire et de l’éradication de la pauvreté.
Déclaration faite par Gustavo Meneses Castro, Directeur général de l’Institut national de la pêche et de l’aquaculture du Costa Rica, COFI 31, Rome, 10 juin 2014
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Pour plus d’information
www.incopesca.go.cr
Institut costaricain des pêches et de l’aquaculture, INCOPESCA
www.fao.org/fishery/facp/CRI/es
Profil de la pêche par pays – Costa Rica