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SAMUDRA Report

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0973–113x
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septembre
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2020
Samudra Revue, No.83, septembre 2020
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Analyse / NUTRITION
Le poisson qui nourrit
Le débat international a enfin pris conscience du rôle du poisson dans le droit à l’alimentation et à la nutrition. Il convient maintenant de baliser le chemin pour la suite
Cet article a été écrit par Molly Ahern (Molly.Ahern@fao.org), spécialiste de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et Ana Maria Suarez Dussan (ana.suarezdussan@fao.org). spécialiste des droits humains. Les points de vue ici exprimés sont ceux des auteurs, et pas nécessairement ceux de la FAO.
Le siècle dernier a ététémoin de grandes avancées socio-économiques, d’une améliorationévidente de la vie des gensà travers le monde. Maisil reste beaucoupà faire pour parvenirau but ultime de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, à savoir « un monde sans faim ni malnutrition, où l’alimentation et l’agriculture contribuent à améliorer le niveau de vie de tous, en particulier des plus pauvres, d’une manière économiquement, socialement et écologiquement durable ».
L’Agenda 2030 pour le développement durable, à travers ses « objectifs de développement durable » (ODD), a renforcé la mission de la FAO et appelle le monde à éliminer la faim et la malnutrition. Les 17 ODD, avec leurs...
Analyse / NUTRITION
Le poisson qui nourrit
Le débat international a enfin pris conscience du rôle du poisson dans le droit à l’alimentation et à la nutrition. Il convient maintenant de baliser le chemin pour la suite
Cet article a été écrit par Molly Ahern (Molly.Ahern@fao.org), spécialiste de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et Ana Maria Suarez Dussan (ana.suarezdussan@fao.org). spécialiste des droits humains. Les points de vue ici exprimés sont ceux des auteurs, et pas nécessairement ceux de la FAO.
Le siècle dernier a ététémoin de grandes avancées socio-économiques, d’une améliorationévidente de la vie des gensà travers le monde. Maisil reste beaucoupà faire pour parvenirau but ultime de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, à savoir « un monde sans faim ni malnutrition, où l’alimentation et l’agriculture contribuent à améliorer le niveau de vie de tous, en particulier des plus pauvres, d’une manière économiquement, socialement et écologiquement durable ».
L’Agenda 2030 pour le développement durable, à travers ses « objectifs de développement durable » (ODD), a renforcé la mission de la FAO et appelle le monde à éliminer la faim et la malnutrition. Les 17 ODD, avec leurs cibles, sont tous connectés entre eux ; il est donc important de les considérer de manière globale. Ils concernent un large éventail de questions, allant de la sécurité alimentaire et la nutrition à l’utilisation durable des ressources naturelles. Par exemple, l’ODD2 est « faim zéro » ; il rappelle l’importance de la concrétisation progressive du droit humain à une alimentation adéquate. L’ODD14, « la vie aquatique », reconnaît l’importance de l’accès à la pêche et aux ressources connexes, et du soutien aux petits pêcheurs, notamment via la cible 14b relative à « l’accès des petits pêcheurs aux ressources marines et aux marchés ». Les ODD se fondent sur les droits humains et visentà « concrétiser les droits humains pour tous ».
Le droit à l’alimentation est satisfait lorsque les personnes, seules ou en communautés, disposent d’une alimentation satisfaisante ou de moyens pour s’en procurer. La capacité des individus à se nourrir à partir de ressources naturelles est un élément important de ce droit. Le poisson et autres ressources aquatiques ont un impact direct sur le droit à une alimentation adéquate, pour les personnes dépendant de ces ressources pour leur nourriture et leurs moyens de subsistance, pour des populations vulnérables proches ou lointaines qui peuvent ainsi satisfaire leurs besoins nutritionnels.
L’inclusion du poisson dans l’alimentation contribue au bon développement physique et cognitif. Cela aide à lutter contre des maux multiples : malnutrition, dénutrition, carences en micronutriments, suralimentation et problèmes de santé liés tels que maladies non transmissibles. Le poisson est une précieuse source de nutriments, notamment acides gras oméga-3 (acide eicosapentaénoïque/EPA), acide docosahexaénoïque/DHA), vitamines B12, D et A, minéraux (calcium, fer, zinc, iode). C’est aussi une importante source de protéines animales, souvent plus accessible d’ailleurs.
Le poisson est l’une des seules sources naturelles d’iode, qui aide à réguler la fonction thyroïdienne et réduit le risque de maladies comme le goitre. Il est reconnu par le Groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition (HLPE) comme une source précieuse d’acides gras polyinsaturés à longue chaîne (AGP-LCI), associés au développement cognitif et à la prévention des maladies cardiovasculaires, à la réduction du taux de cholestérol.
Nutrition abordable
Ces nutriments importants sont souvent plus disponibles et accessibles aux populations vulnérables sur le plan nutritionnel grâce à la consommation de petits pélagiques (anchois, sardine…), plus abordables aussi. Traditionnellement consommés entiers (avec les os, les viscères et les yeux), ils peuvent fournir davantage de micronutriments que le filet seul et favoriser l’absorption de minéraux tels que le fer et le zinc des aliments d’origine végétale.
S’ils sont correctement conservés, les nutriments contenus dans les poissons et les produits de la pêche peuvent atteindre des communautés situées à proximité ou loin des masses d’eau. Par ailleurs, le poisson peut être transformé en produits très nourrissants, désirables et abordables, qui peuvent contribuer largement aux apports nutritionnels recommandés (ANR) pour les groupes vulnérables sur le plan nutritionnel (femmes enceintes ou allaitantes, nourrissons, jeunes enfants), même lorsqu’ils sont consommés en petites quantités.
Le rapport 2020 sur la Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture (SOFIA) de la FAO estime que la production mondiale de poisson a atteint 179 millions de tonnes en 2018. Plus de 87 % (156 millions de tonnes) a servi à la consommation humaine ; ce qui donne une moyenne annuelle de 20,5 kg par habitant. Entre 1961 et 2017, la consommation de poisson pour l’alimentation a connu une croissance annuelle moyenne de 3,1 %, un taux qui est presque le double de la croissance démographique mondiale, estimée à 1,6 % sur la même période. C’est plus que toutes les autres sources de protéines animales. Dans bon nombre de communautés de pays en développement, le poisson constitue la principale ou seule source de protéines animales et micronutriments, représentant jusqu’à 70% des apports protéiques d’origine animale dans certains pays côtiers et insulaires.
Ceci dit, il importe que les ressources aquatiques soient exploitées et gérées de façon durable pour assurer la sécurité alimentaire, une bonne nutrition et lutter contre la pauvreté, maintenant et à l’avenir. À cette fin, la FAO a appuyé le développement d’instruments pertinents, notamment les Directives volontaires pour soutenir la réalisation progressive du droit à une alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale (Directives sur le droit à l’alimentation) et les Directives volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale dans le contexte de la sécurité alimentaire et de l’éradication de la pauvreté (Directives sur la pêche artisanale/SSF). Cela pour que le droit à l’alimentation des pêcheurs artisans et de leurs communautés soit protégé, respecté et satisfait, pour qu’ils disposent des outils appropriés pour assurer leurs moyens de subsistance, répondre à leurs besoins nutritionnels et à ceux d’autres communautés, tout en protégeant la durabilité de la ressource.
Le droit de toute personne à une nourriture suffisante est reconnu par l’article 11 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels qui impose aux pays l’obligation légale de garantir à chacun un accès économique et physique à une quantité et qualité de nourriture adéquates. Les États doivent se conformer à l’obligation de respecter, protéger et satisfaire ce droit pour toute la population, y compris les communautés de pêche marginalisées. Cela implique également que la participation, la responsabilité et le recours à des mécanismes de correction efficaces soient assurés à tous les niveaux et stades de la concrétisation progressive du droit à l’alimentation.
Le mécanisme d’experts des Nations Unies sur le droit à l’alimentation a démontré que le poisson est un élément important du droit à l’alimentation, pour assurer la sécurité alimentaire, la nutrition et des moyens de subsistance. Dans son rapport de 2012, l’ancien Rapporteur spécial des Nations Unies, Oliver De Schutter, décrivait « le lien explicite entre le droit à l’alimentation et les droits de ceux qui la produisent à un accès équitable aux ressources telles que le poisson et l’eau ». Il évoquait en outre deux notions du droit à l’alimentation : une nourriture adéquate et l’éradication de la faim, en mettant bien en évidence tout l’intérêt du poisson comme source de protéines et de micronutriments, en particulier pour les populations démunies.
Le rapport de De Schutter a apporté beaucoup de recherches dans le débat relatif à la consommation de poisson, à la fois pour lutter contre la faim et pour s’attaquer aussi à la faim cachée et aux carences en micronutriments, en mangeant notamment du petit poisson accessible à ceux qui vivent dans la pauvreté. Il contient beaucoup de vitamines et de minéraux, surtout quand on le consomme en entier. Par ailleurs, sa saisonnalité en zones rurales diffère souvent de celle des cultures. Le poisson peut donc fournir une nourriture diversifiée et réduire les vulnérabilités en temps de pénurie alimentaire saisonnière.
La reconnaissance des qualités alimentaires du poisson dans le contexte international des Procédures spéciales du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies a marqué un progrès significatif dans la prise de conscience de l’importance du poisson pour la subsistance des communautés de pêcheurs les plus pauvres. Enmême temps, cela conforte le travail mené par la FAO, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) et le COFI en la matière, et pour promouvoir des mécanismes inclusifs et participatifs afin que les États se dotent de cadres juridiques et politiques et de stratégies alimentaires nationales, où la voix des pauvres et marginalisés se fera entendre, et où il y aura des procédures claires pour assurer leur protection et le respect des règles.
En 2014, le CSA a demandé au Groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition (HLPE) de mener une étude sur le rôle de la pêche durable (y compris la pêche artisanale) et de l’aquaculture pour la sécurité alimentaire et la nutrition. Le rapport du HLPE indique que le poisson n’a été que marginalement inclus dans les débats sur la sécurité alimentaire. Malgré une prise de conscience évidente de son importance nutritionnelle, il n’est pas souvent mentionné dans les échanges sur la sécurité alimentaire et les systèmes alimentaires. Les débats sur la sécurité alimentaire portaient auparavant sur les disponibilités des denrées de base, venant essentiellement de chaînes alimentaires terrestres. La valeur nutritive du poisson et d’autres aliments aquatiques n’était pas traitée, ou était une chose à part. Le « vert » et le « bleu » font souvent chambre à part. Pareillement, avant le rapport du HLPE de 2014, le travail de la FAO concernant le poisson et les pêcheries était généralement menédans l’optique de la gestion des ressources, pas sous l’éclairage de la sécuritéalimentaire et de la nutrition.
Directives sur la pêche artisanale
Cette même année, le COFI adopte les Directives sur la pêche artisanale. Elles viennent appuyerla visibilité, la reconnaissance et le renforcement du rôle des pêches artisanales dans la sécurité alimentaire et la nutrition, contribuant ainsi à l’éradication de la faim et de la pauvreté et, au final, à la concrétisation du droit à l’alimentation et des autres droits humains.
Le rapport du HLPE et les Directives sur la pêche artisanale sont desétapes marquantes pour que le poisson soit reconnu comme une source essentielle de nourriture. Le HLPE a formulédes recommandations à l’adresse des États membres et de la FAO pour que le poisson soit inclus dans les politiques et programmes en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle nationale. Ces recommandations ont également souligné l’importance de la production à petite échelle et de l’intégration du poisson dans les politiques de nutrition, en reliant le tout à des programmes de marchés publics pour les petits producteurs.
Se fondant sur le rapport du HLPE et les Recommandations pour la pêche artisanale, la FAO a lancé des études, élaboré des documents techniques, mené des programmes au niveau national en collaboration avec les gouvernements locaux, informé les travaux relatifs aux politiques afin d’attirer l’attention sur l’importance nutritionnelle du poisson. Il serait bon d’examiner quelques exemples de ce que la FAO a réalisé dans ce domaine, de ce qu’elle continue de faire.
Il est de plus en plus évident que l’inclusion de poisson pendant les 1 000 premiers jours de la vie (de la conception au deuxième anniversaire de l’enfant) a des résultats positifs sur le développement cognitif et physique, tant en croissance linéaire que dans des états de malnutrition sévère. Cette période est particulièrement importante pour une bonne alimentation de la mère pendant la grossesse et l’allaitement, pour de bonnes pratiques alimentaires avec le bébé, en commençant par l’apport de compléments alimentaires après les six premiers mois de la vie du nourrisson.
La mise en œuvre synergique des Directives pour la pêche artisanale et des Directives sur le droit à l’alimentation peut faire avancer le dossier de la valeur nutritionnelle pour les 1 000 premiers jours de la vie. Par exemple, les Directives sur la pêche artisanale ont pour objectif premier « d’améliorer la contribution de la pêche artisanale à la sécurité alimentaire et à la nutrition, et favoriser la concrétisation progressive du droit à une alimentation adéquate ». Les Directives sur le droit à l’alimentation demandent aux États d’établir des méthodes appropriées pour soutenir la sécurité alimentaire et des apports nutritionnels positifs, en veillant particulièrement aux besoins nutritionnels des garçons et des filles, des nourrissons et des femmes enceintes. Ce faisant, ils tiendront compte des habitudes alimentaires des différentes cultures.
Grâce à ses remarquables caractéristiques nutritionnelles, le poisson a beaucoup à apporter en matière d’optimisation de l’alimentation pendant les 1 000 premiers jours. Une étude récente fait état d’une augmentation d’acides gras dans le lait maternel lorsque la mère consomme du poisson, ce qui donne lieu à des résultats intéressants en matière de développement cognitif (quotients intellectuels plus élevés par la suite). Au-delà de l’allaitement maternel exclusif, la Stratégie mondiale pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant de l’OMS/UNICEF recommande que les aliments complémentaires bon marché faits maison avec des ingrédients disponibles localement soient proposés aux enfants à six mois. Des études récentes, notamment au Bangladesh et au Cambodge, ont montré que les produits à base de poisson adaptés aux enfants de 6 à 23 mois étaient très bien acceptés, et qu’ils fournissaient une bonne partie des micronutriments nécessaires.
Les repas scolaires sont de plus en plus considérés comme une occasion idéale pour améliorer l’alimentation et la nutrition des enfants dans des pays qui souffrent de malnutrition. Avec des partenaires locaux et les gouvernements nationaux, la FAO a aidé trois pays (Angola, Honduras, Pérou) à incorporer du poisson dans des programmes nationaux de repas scolaires, dans les politiques et stratégies nationales à ce sujet, et à suggérer que les marchés publics fassent une place aux produits de la pêche artisanale en offrant des débouchés réguliers, ce qui contribuerait aussi au développement socio-économique communautaire.
Activités pilotes
Le projet a mené à bien des activités pilotes pour évaluer dans quelle mesure les produits prévus correspondaient à la culture locale et aux âges concernés. Les résultats ont fait apparaître chez les écoliers une acceptabilité élevée des repas contenant du poisson. Malgré ces premiers succès, il reste bien des obstacles à surmonter dans de nombreux pays avant que le poisson ne devienne une composante naturelle des repas scolaires : coût élevé de ces produits, leur caractère périssable, l’opinion que les enfants n’apprécient pas le poisson, l’absence de réelle volonté politique.
Dans les Directives sur le droit à l’alimentation, « les États sont invités à associer l’ensemble des parties prenantes à la conception, à l’exécution, à la gestion, au contrôle et à l’évaluation des programmes visant à accroître la production et la consommation d’aliments sains et nutritifs, en particulier ceux riches en micronutriments ». Et également ceci : « Il convient que les États suivent la sécurité alimentaire des groupes vulnérables, notamment des femmes, des enfants et des personnes âgées, ainsi que leur état nutritionnel, y compris la prévalence des carences en micronutriments ». Les Directives sur la pêche artisanale, pour leur part, incitent les États et autres acteurs à élaborer des politiques cohérentes propices à la sécurité alimentaire et à une bonne nutrition, à encourager la consommation de poisson et autres produits de la pêche via des programmes d’éducation des consommateurs afin que ceux-ci sachent bien tout l’intérêt qu’il y a à manger du poisson.
Une étude visant à analyser la consommation du poisson au Brésil a été effectuée par la Commission de la petite pêche, de la pêche artisanale et de l’aquaculture pour l’Amérique latine et les Caraïbes (COPPESAALC, anciennement Commission des pêches intérieures et de l’aquaculture pour l’Amérique latine et les Caraïbes). L’importance de la consommation de poisson en Amazonie a été bien mise en évidence tout au long de cette enquête. Le poisson est en fait la principale source de protéines animales ; et sa consommation est bien plus grande que ce qui apparaît dans les statistiques officielles, lesquelles ne tiennent pas compte des prises destinées à la consommation familiale. Cependant, dans d’autres communautés indigènes des hauts plateaux ou de zones éloignées des bassins fluviaux, on a relevé de faibles taux de consommation de poisson, avec des effets évidents sur la prévalence de la malnutrition ou d’autres pathologies. Au cours des années précédant l’étude, il a été constaté une baisse de la consommation de poisson du fait de la présence de produits industrialisés ou transformés dans le régime alimentaire des communautés de l’Amazonie, ce qui a provoqué une perte de valeurs culturelles et d’habitudes alimentaires.
Autre grand sujet d’inquiétude, une concentration élevée de mercure (au-delà des limites de sécurité pour la consommation humaine) dans le poisson local. Cela est dû à des activités d’extraction au voisinage des communautés. Il existe une abondante documentation sur les opérations illégales et les normes calamiteuses de certaines concessions minières qui commettent des violations systématiques des droits humains des populations alentour, notamment le droit à l’alimentation, le droit à la santé. C’est bien le cas pour les communautés autochtones dans l’Amazonie brésilienne. Il faudrait donc un effort commun, entre gouvernement, nutritionnistes et environnementalistes, pour que soient mises durablement en place des mesures de sécurité appropriées dans les établissements miniers à l’origine de ce mercure.
Concernant les populations autochtones, les Directives sur le droit à l’alimentation et les Directives sur la pêche artisanale font de la non-discrimination l’un des principes fondamentaux de l’application de leurs dispositifs. Les Directives sur le droit à l’alimentation stipulent en outre que les États doivent accorder une attention particulière aux populations autochtones et prendre des mesures pour faire en sorte que les groupes vulnérables aient accès aux opportunités et aux ressources économiques.
Consommation de poisson
Comme cela est relevé dans l’étude de cas sur les communautés d’Amazonie, les statistiques officielles concernant la consommation de poisson sont souvent sous-évaluées, parce que l’apport pourtant fort important de la pêche à petite échelle à la sécurité alimentaire et nutritionnelle est mal reconnu. Le projet intitulé Illuminating Hidden Harvests (Porter un nouvel éclairage sur les captures non visibles), qui est un partenariat entre chercheurs, décideurs politiques, praticiens de la FAO, de WorldFish, de l’Université Duke et des acteurs nationaux et locaux, aréalisédesétudes de cas dans plus de 50 pays, en plus d’enquêtes thématiques, afin d’évaluer l’apport social, environnemental, économique et gestionnaire des pêches artisanales, particulièrement en matière d’alimentation et de nutrition. Des analyses spécifiques portent sur la qualité nutritionnelle et la sécurité alimentaire du poisson tout au long des chaînes de valeur, sur le rôle de la production des pêches artisanales pour la santé et la nutrition des femmes et des jeunes enfants. Les résultats de ces diverses études feront l’objet d’une publication à la fin de cette année.
Les exemples ci-dessus mettent bien en évidence l’importance du poisson et de la pêcheà petiteéchelle en matière de sécuritéalimentaire, de nutrition, de moyens de subsistance, particulièrement chez les populations vulnérables, cela tout au long de l’existence : des premiers 1 000 jours jusqu’à l’âge scolaire puis adulte. Ils montrent aussi qu’il importe de rapprocher recherche, politiques et pratiques participatives pour parvenir à des décisions et des programmes qui se fondent sur des données concrètes. C’est la conclusion du Symposium international de la FAO sur la durabilité des pêches pour œuvrer dans cette voie en garantissant la sécurité alimentaire, une bonne nutrition et des moyens de subsistance. Afin de renforcer de telles interactions, la FAO a établi des partenariats avec d’éminentes universités qui mènent des recherches sur l’intérêt du poisson (notamment les petits pélagiques) du point de vue de la nutrition et de la sécurité alimentaire, cela afin de sensibiliser les gens à la chose et de faire connaître les plus récents travaux de recherche sur le sujet.
Prenant acte des possibilités offertes par le poisson et ses produits dérivés pour l’amélioration de la situation nutritionnelle dans les communautés de petits pêcheurs et les communautés environnantes, prenant acte de l’importance du secteur après captures pour présenter au consommateur des produits sains, prenant acte de la place des femmes dans ces activités, la FAO a lancé un nouveau projet appelé L’autonomisation des femmes de la pêche artisanale pour des systèmes alimentaires durables. Ce projet est financé par NORAD (Agence norvégienne de coopération pour le développement). Il s’étalera de 2020 à 2024 dans cinq pays de l’Afrique subsaharienne : Ghana, Malawi, Sierra Leone, Ouganda et Tanzanie. Par la suite, il inclura aussi des pays asiatiques. Il sera exécuté à la lumière des Directives sur la pêche artisanale et du Plan d’action pour des systèmes alimentaires durables du gouvernement norvégien, afin d’autonomiser les femmes et leurs associations, d’améliorer la manipulation, la transformation, la préservation, le stockage et la valorisation du poisson. Cela devrait permettre d’augmenter la consommation d’un poisson sain et nutritif et de produits dérivés, tout particulièrement chez les enfants.
Le contexte des droits humains
Malgré les progrès réalisés par les divers programmes et projets, il reste beaucoup à faire dans le contexte international des droits humains pour ce qui est des travaux de la FAO, du CSA et de leurs partenaires. Ceux qui sont au niveau national ou au sein des communautés doivent aussi faire leur part pour contribuer à la concrétisation progressive du droit à l’alimentation pour des millions de personnes à travers le monde, pour établir des systèmes alimentaires durables et équitables.
Pour que le droit à l’alimentation devienne réalité, pour atteindre les ODD d’ici 2030, il est indispensable de passer par une véritable reconnaissance de l’importance du poisson dans les stratégies et programmes concernés, par une réelle protection des petits producteurs.
Le poisson peut fournir des produits abordables riches en nutriments pour tendre vers les apports nutritionnels recommandés, en particulier dans les groupes vulnérables.
Le droit à l’alimentation est satisfait lorsque les personnes, seules ou en communautés, disposent d’une alimentation satisfaisante ou de moyens pour s’en procurer.
La reconnaissance des qualités alimentaires du poisson dans le contexte international des Procédures spéciales du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies a marqué un progrès significatif…
Grâce à ses remarquables caractéristiques nutritionnelles, le poisson a beaucoup à apporter en matière d’optimisation de l’alimentation pendant les 1 000 premiers jours.
Pour atteindre les ODD d’ici 2030, il est indispensable de passer par une véritable reconnaissance de l’importance du poisson dans les stratégies et programmes concernés.
Malgré les progrès réalisés par les divers programmes et projets, il reste beaucoup à faire dans le contexte international des droits humains pour ce qui est des travaux de la FAO, du CSA et de leurs partenaires.
Pour plus d’informations
http://www.fao.org/3/a-y9825f.pdf
Directives volontaires à l’appui de la concrétisation progressive du droit à une alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale
https://www.undp.org/content/undp/fr/home/sustainable-development-goals/goal-2-zero-hunger.html
ODD2 : Faim « Zéro »
http://www.fao.org/fishery/sofia/fr
La Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture
Sécurité alimentaire et nutrition : construire un discours mondial pour 2030
https://www.researchgate.net/publication/230469691_GOVERNING_AS_GOVERNANCE_-_Editied_by_Jan_Kooiman
Compte rendu : Gouvernement et Gouvernance