Une approche fondée sur les droits humains
L'économie verte qui sera le grand thème de Rio+20 ne peut ignorer une telle démarche pour l'instauration de pêches durables
Vingt ans après le Sommet de la Terre de Rio, en juin 2012, les Nations unies réuniront à Rio gouvernements, institutions internationales et grands groupes pour la Conférence sur le développement durable, dite aussi Rio+20. Il s'agit cette fois de renforcer les engagements politiques en faveur du développement durable, d'évaluer les progrès accomplis depuis le Sommet de la Terre et de regarder vingt ans dans l'avenir.
À Rio+20, il sera donc question de savoir comment la construction d’une économie verte peut contribuer au développement durable et à l’éradication de la pauvreté, et comment faire pour améliorer la coordination internationale en faveur du développement durable (voir p. 4). À ce jour, 147 États Membres (représentés par 108 chefs d'État ou de gouvernement) sont inscrits pour y prendre la parole. On s'attend donc à une plus importante participation qu'au Sommet de Johannesburg en 2002.
En matière de développement durable des pêches maritimes depuis le Sommet de la Terre, il y a eu quatre événements mondiaux significatifs qu'il convient de rappeler : l'Accord...
Une approche fondée sur les droits humains
L'économie verte qui sera le grand thème de Rio+20 ne peut ignorer une telle démarche pour l'instauration de pêches durables
Vingt ans après le Sommet de la Terre de Rio, en juin 2012, les Nations unies réuniront à Rio gouvernements, institutions internationales et grands groupes pour la Conférence sur le développement durable, dite aussi Rio+20. Il s'agit cette fois de renforcer les engagements politiques en faveur du développement durable, d'évaluer les progrès accomplis depuis le Sommet de la Terre et de regarder vingt ans dans l'avenir.
À Rio+20, il sera donc question de savoir comment la construction d’une économie verte peut contribuer au développement durable et à l’éradication de la pauvreté, et comment faire pour améliorer la coordination internationale en faveur du développement durable (voir p. 4). À ce jour, 147 États Membres (représentés par 108 chefs d'État ou de gouvernement) sont inscrits pour y prendre la parole. On s'attend donc à une plus importante participation qu'au Sommet de Johannesburg en 2002.
En matière de développement durable des pêches maritimes depuis le Sommet de la Terre, il y a eu quatre événements mondiaux significatifs qu'il convient de rappeler : l'Accord des Nations unies sur les stocks de poissons (UNFSA), le Code de conduite pour une pêche responsable (CCPR) de la FAO, le mandat de Jakarta sur la diversité biologique marine et
côtière dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique (CDB), la Convention de l'OIT sur le travail dans le secteur de la pêche (2007).
Il existe plusieurs mécanismes internationaux qui s'appuient sur les trois premiers de ces instruments et dont les ramifications vont du mondial au national et au local. On a accordé trop d'attention au pilier économique et au pilier environnemental de la pêche durable alors qu'on négligeait son pilier social. Nous espérons que Rio+20 corrigera ce déséquilibre. Pour renforcer le pilier social du développement durable, en particulier dans la pêche, il faut absolument une approche fondée sur les droits humains.
En accordant une juste place aux aspects sociaux de la pêche durable, cette démarche cherchera à accroître la contribution des ressources marines vivantes à l'éradication de la malnutrition. Elle reconnaîtra l'importance d'une pêche à petite échelle et artisanale durable ; elle protégera les droits des hommes et des femmes qui pratiquent ces activités afin qu'ils et elles aient des moyens d'existence sûrs et équitables, avec un accès préférentiel aux zones de pêche et ressources traditionnelles.
L'approche fondée sur les droits humains se donnera également d'autres objectifs :
- Reconnaître aux petits pêcheurs, aux peuples autochtones et aux communautés locales le droit d'utilisation et de protection durables de leurs habitats ;
- Protéger et encourager l'usage coutumier des ressources biologiques suivant les pratiques culturelles traditionnelles compatibles avec les impératifs de la conservation et d'une exploitation durables ;
- Assurer durablement la conservation, la gestion et le développement des pêcheries, la conservation et l'exploitation durables de la biodiversité marine, en faisant appel à la fois aux connaissances scientifiques et aux connaissances et aux techniques traditionnelles des communautés de pêche et des peuples autochtones ;
- Aider les organisations traditionnelles et de producteurs à s'impliquer dans une gestion simultanée des ressources halieutiques ;
- Prévoir la consultation et la participation effectives des communautés de pêche en matière de conservation, de gestion et d'utilisation durables des ressources aquatiques vivantes ;
- Sauvegarder les intérêts des communautés locales et des peuples autochtones lors de la négociation et de la mise en œuvre d'instruments internationaux relatifs au développement ou à la conservation des ressources marines vivantes ;
- Reconnaître pour les pêcheurs et leurs dépendants le droit à une protection sociale sur un pied d'égalité avec les autres travailleurs, respecter l'âge minimum d'admission au travail, reconnaître les droit à la sécurité et à la santé, le droit à une protection contre les maladies professionnelles et les accidents du travail dans la pêche ;
- Veiller à ce que les politiques et pratiques relatives au développement du commerce international n'aient pas d'incidences négatives sur les droits nutritionnels et les besoins des populations locales.
Ces éléments sont déjà inscrits dans l'Agenda 21, l'UNFSA, le CCPR, les décisions de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique et la Convention de l'OIT sur le travail dans la pêche (2007). Mais ils sont bien insuffisamment adoptés et appliqués au niveau national. De son côté, la FAO procède actuellement à l'élaboration de directives internationales pour des pêches artisanales responsables, avec une attention particulière pour une approche fondée sur les droits humains.
Rio+20 espère produire des solutions pour le développement durable en protégeant aussi les océans contre la surpêche, contre la destruction des écosystèmes marins, contre les effets du changement climatique. Tout cela pourrait bien réduire la pauvreté, promouvoir des emplois décents et assurer une utilisation durable et équitable des ressources dans les communautés de pêche. Mais cela se fera à condition seulement que l'approche fondée sur les droits humains en vue d'assurer une pêche durable soit clairement acceptée et intégrée dans les politiques, les législations et les obligations de déclaration des États Membres. Espérons que Rio+20 entende cette demande.