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Europe...
La région que nous avons visitée en France avec James Smith est le pays breton, plus exactement le pays BIGOUDIN. Là vit une population de pêcheurs qui, au dire de Henri Manis, ont un tempérament vigoureux et très émotif, une fierté sans “égale et une grande affection, ce qui les apparente sûrement aux pêcheurs indiens.
Henri est un prêtre « senior » qui a travaillé autrefois comme docker au port de pêche. Plein de vie et d’humour, il a le contact facile et chaleureux. Il nous a guidés avec assurance, s’inquiétant que nous voyions l’important, prenions contact avec les gens et goûtions les délicieux fruits de mer bretons.
Nous avons passé une journée entière avec Louis Leroux, l’exprésident du Comité Local des Pêches Maritimes du Guilvinec, et militant syndical. Il a travaillé toute sa vie sur un chalutier côtier de 38 pieds et c’est son fils qui aujourd’hui lui succède. Ces pêcheurs côtiers sont ici la « petite pêche ». Ce sont les « pêcheurs-artisans » et ils sont les héritiers d’une longue tradition maritime qui en fait une communauté humaine distinctive tout comme les communautés de pêcheurs en Inde.
L’unité de pêche comprend le « Patron », propriétaire et 5 à 8 matelots...
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Europe...
La région que nous avons visitée en France avec James Smith est le pays breton, plus exactement le pays BIGOUDIN. Là vit une population de pêcheurs qui, au dire de Henri Manis, ont un tempérament vigoureux et très émotif, une fierté sans “égale et une grande affection, ce qui les apparente sûrement aux pêcheurs indiens.
Henri est un prêtre « senior » qui a travaillé autrefois comme docker au port de pêche. Plein de vie et d’humour, il a le contact facile et chaleureux. Il nous a guidés avec assurance, s’inquiétant que nous voyions l’important, prenions contact avec les gens et goûtions les délicieux fruits de mer bretons.
Nous avons passé une journée entière avec Louis Leroux, l’exprésident du Comité Local des Pêches Maritimes du Guilvinec, et militant syndical. Il a travaillé toute sa vie sur un chalutier côtier de 38 pieds et c’est son fils qui aujourd’hui lui succède. Ces pêcheurs côtiers sont ici la « petite pêche ». Ce sont les « pêcheurs-artisans » et ils sont les héritiers d’une longue tradition maritime qui en fait une communauté humaine distinctive tout comme les communautés de pêcheurs en Inde.
L’unité de pêche comprend le « Patron », propriétaire et 5 à 8 matelots pêcheurs. Ce nombre s’est réduit au fil des années, ll y a 25 ans, ils étaient 15, mais profitabilité oblige ! Leur payement se fait toujours à la part : 50 % pour le bateau et les filets et 50 % pour l’équipage, ceci bien sûr après déduction des frais de marée.
Les activités de pêche ont été réglementées et la journée de travail est limitée à 8 heures dans ce secteur. Les prises sont diversifiées mais la langoustine domine. La vente du poisson rappelle bien les manières de faire indiennes mais mieux organisées. Le poisson est vendu à des mareyeurs patentés, certains très importants, d’autres moins. Ces mareyeurs fournissent les grossistes qui, à leur tour, approvisionnent les marchands au détail. Le poisson mis à terre est consommé presque totalement dans l’arrière pays.
Ports de Pêche
Dans le secteur se trouvent Loctudy, Lescornil, St-Guénolé et le Guilvinec. Les pêcheurs-artisans vendent leur poisson par l’intermédiaire de leur fédération « à la criée ». Si les prix s’écrasent et que des prix « planchers » sont atteints, le poisson est alors retiré d’office du marché et vendu à la coopérative de transformation, propriété de la fédération. Cette coopérative est équipée pour prendre en charge les excédents de stock, les congeler, les envoyer vers les marchés reculés en camions réfrigérés ou les transformer en farine. Grâce au système téléphonique informatisé, le Minitel, les responsables peuvent facilement connaître les prix de vente sur les autres marchés et prendre les bonnes décisions. Le centre de vente prélève 5 % de taxe de service.
Les organisations de pêcheurs
Les travailleurs du poisson se retrouvent aux «Comités Locaux des pêches maritimes » (CLPM) où siègent leur quatre syndicats (CFDT - CGT - CFTC - autonome), lesquels regroupent à la fois les patrons pêcheurs et les matelots. Au CLPM siègent aussi les autorités portuaires, les mareyeurs et les transformateurs de poisson. Ces comités existent dans tous les ports et regroupent environ 15 représentants des pêcheurs et 15 mareyeurs et gens du port. C’est spontanément que ces organisations sont nées après la guerre 40-45 pour tenter de défendre la profession menacée. Comme ce sont des organes officiels où siège un représentant du Ministère des Pêches, ces comités ont commissionné toutes sortes d’études relatives à leurs activités et ont établi des régulations. C’est vraiment intéressant de voir comment ces organisations ont pris en compte à la fois les problèmes économiques et les dimensions sociales, allant jusqu’à publier un lexique anglo-espagnol pour permettre aux marins de communiquer par radio-téléphone avec les navires de pêche étrangers. J’ai été très surprise d’entendre Louis expliquer que, malgré cette approche méthodique des problèmes et la volonté des pêcheurs de collaborer avec les « scientifiques » de la recherche, ceux-ci n’ont pas fait la preuve de l’utilité de leurs connaissances qui, par ailleurs, semblent bien limitées. Quel parallèle avec la situation en Inde !
Perspectives européennes
Nous avons aussi pu visiter CONCARNEAU où est basée la flotte thonière française qui opère au large de la Mauritanie, dans l’océan indien et jusqu’en Indonésie.
Le soir, nous avons eu une discussion très animée avec des pêcheurs et des femmes de pêcheurs. J’ai expliqué brièvement les problèmes des pêcheurs artisans indiens et ce n’était vraiment pas difficile de trouver des parallèles avec les problèmes vécus en France. Bien que certains aspects de nos problèmes d’accès à la mer, de crédit et de marché leur semblaient un peu « féodaux » de même que la situation de la femme indienne, certains retournaient dans leur propre histoire pour y retrouver des similitudes, mais la plupart avaient bel et bien oublié leur histoire !
Alors avec James, nous leur avons parlé de la création du collectif et nous leur avons demandé quel rôle ils pouvaient y jouer. Bien que rien de précis ne fut énoncé, on voyait cependant très bien se dessiner le besoin d’un forum européen similaire où pêcheurs et groupes d’appui pourraient se rencontrer, analyser les problèmes et essayer d’élaborer des stratégies pour y faire face. Ceci pourrait certainement contribuer à créer une collaboration Nord-Sud entre pêcheurs, si importante pour la protection des écosystèmes océaniques. James et ses amis du « Groupe Mer » du CCFD à Paris comptent creuser cette idée et tous les autres européens intéressés par la chose devraient les contacter.
Nalini
James SMITH / Simon KERZHERO
CCFD - Rue Jean Lautier, 4
PARIS 75001 – France
Chili
Après leur 10e Conférence Nationale des Pêcheurs Artisans tenue en 1986, les pêcheurs chiliens avaient mis sur pled leur nouvelle organisation « CONAPACH » Cette année, ils organisent au début de 88 un grand programme éducatif dans lequel scientifiques et pêcheurs collaborent et unissent leurs efforts pour être mieux équipés pour défendre leur profession et perfectionner leurs techniques (navigation, transformation du poisson, etc).
Uns expérience à suivre !
Sénégal
Le Collectif International a organisé en octobre 87 diverses rencontres avec les acteurs de la pêche. Une réunion de scientifiques de 5 pays de l’Afrique de l’Ouest a aussi eu lieu. Nous en publierons les actes dans le prochain Samudra Report. A son retour du Sénégal, un pêcheur breton qui avait visité des confrères sénégalais titrait dans un journal français : « J’ai vu des pêcheurs sénégalais très efficaces » et il notait « c’est d’organisation qu’ils ont besoin». Si nous ne nous étions pas défendus et organisés (il y a 30 ans), il en aurait été fini des pêcheurs artisans (bretons) pourtant aujourd’hui reconnus (Ouest-France du 29.11.87).
Sri Lanka
(D’UN CORRESPONDANT LOCAL)
Le problème des chalutiers se pose à nouveau. L’an dernier, le ministre des pêches a interdit le chalutage, Au lieu de la loi promise qui devait être introduite au parlement, on a mis sur pied une commission d’enquête, très probablement demandée par les armateurs de pêche industrielle. Les pêcheurs sont maintenant « invités » à se présenter devant cette commission mais la plupart refusent de le faire ; ils estiment être les propriétaires légitimes des droits de pêche dans leurs eaux depuis maintes générations et donc dénient ces droits au gouvernement. (Décembre 87)
Brésil
La Régie de développement de la Pêche (SUDEPE) brésilienne estime que 95 % des 60.000 personnes engagées dans la pêche sont des petits pêcheurs (pescadores artisanal). Pourtant, ces petits pêcheurs sont bel et bien ignorés au niveau des plans de développement. Même te fil nylon, matière de base des filets, est taxé comme un produit de luxe. La pollution et le développement de la pêche industrielle font que ces pêcheurs forment un des secteurs les plus pauvres de la classe ouvrière.
L’expansion rapide de l’industrie lourde, tout spécialement le développement des programmes « fuel-alcool » à partir de canne à sucre, a conduit à la création d’une multitude d’usines chimiques au travers du pays. Ces distilleries tout comme les usines à papier, vident de grandes quantités d’effluents pollués dans les lacs, les rivières et les eaux côtières, et ce, sans aucun contrôle. Plus d’une zone sont totalement privées de poisson ou de crustacé, et ceux qui y survivent sont tout simplement impropres à la consommation. C’est par dizaines qu’on compte les vallées et les estuaires empoisonnés, et à Sà o Luis, dans le Nord, c’est un grand complexe d’aluminium qui a non seulement liquidé les poissons, mais abîmé tout l’écosystème de la vallée.
Les pêcheurs brésiliens font aussi face à l’emprise d’une flotte « off-shore » tournée exclusivement vers les marchés extérieurs et responsable d’une destruction des stocks halieutiques en beaucoup d’endroits.
Bien que l’apport des pêcheurs artisans représente 50 % des captures, ils n’ont reçu que 12 % des aides de l’état en 1985 qui privilégient bien sûr les exportations pour payer les dettes ! Comme en bien d’autres régions du globe, on estime que la pêche à la crevette rejette 5 tonnes de prises sur 6 pour ne garder que les précieuses crevettes destinées à l’exportation !
NDLR - Plus de détails dans un numéro prochain avec un rapport de Mathany qui a récemment visité les pêcheurs brésiliens.
Philippines
Deux organisations asiatiques ont lancé conjointement un appel de détresse en faveur de 20.000 pêcheurs et leurs familles opérant dans la baie CALANCAN, sur l’île Marinduque aux Philippines. Cette baie était connue pour la qualité de ses poissons et de ses coraux. Mais depuis 1964, une compagnie minière (Canadian Marcopper), co-propriété de l’ex-président Marcos et d’une firme canadienne, s’est fixée sur l’île pour y exploiter une mine de cuivre. 19751a mine traite 9 millions de tonnes de concentrés par année, et décharge les rejets à la cadence de 750.000 m3 par mois directement dans la mer, comblant ainsi la baie sur 5 kilomètres.
Les groupes attentifs à l’écologie ont montré dès 1980 la dégradation irrémédiable portée à l’habitat marin, et l’empoisonement des eaux devenues impropres à la reproduction des algues et des crustacés. Les pêcheurs eux se retrouvent privés de leurs zones de pêche, et voudraient stopper les dégâts et les opérations de décharge. Déjà en 1981, la Commission Nationale de Contrôle de la Pollution avait interdit le rejet en mer, mais le Président Marcos avait cassé leur décision. Aujourd’hui, 20.000 pêcheurs tentent de pousser le gouvernement à agir, et les groupes écologiques d’Asie LIN-KOD TAO-KALIKASAN aux Philippines et ASIA PACIFIC PEOPLE’S ENVIRONMENT NETWORK (APPEN), demandent l’appui de tous pour sauver la Calancan Bay et ses pêcheurs.
Pour aider ces pêcheurs ou pour plus de détails, écrivez à :
S.M. MOHD IRIS, J.P.
Président SHABAT ALAM MALAYSIA
Coordinateur APPEN
43, Salween Road - 10050 PENANG – Malaysia